Connaissez-vous le cercle appelé « Le Siècle »? Non, bien sûr, vous ne faites pas partie du gratin politique, économique et médiatique. qui se rassemble pour un dîner, le quatrième mercredi de chaque mois, depuis cinquante ans. Serge July, David Pujadas, Arlette Chabot, Michel Field, Christine Ockrent, Laurent Joffrin, PPDA, Franz-Olivier Giesbert, etc. y côtoient Guillaume Pépy, Alain Minc, Jean-Claude Trichet, Ernest-Antoine Seillière, Arnaud Lagardère, Nicole Notat (oui, oui, la syndicaliste!), Maurice Levy (Publicis), Jack Lang, etc. etc.
C’est le moment, pour les neuneus, de sortir le carnet d’autographes ou, pour les plus conscients, de lancer une bombe. Ils sont tous là, de tout bord, pour papoter, pour mieux se connaître, n’est-ce pas… Les journalistes peuvent bien prétendre qu’ils ne font que leur métier, qui est de récolter des informations, mais il y a une règle implicite, dans ce cercle : rien de ce qui se dit (et se trame) ne doit sortir d’ici !
Le « marché » du journalisme – l’expression est de Serge Halimi, dans son livre "Les nouveaux chiens de garde" – est trusté par une poignée de journalistes vedettes qui font allégeance, grenouillent dans tous les bénitiers, mangent (royalement) à tous les râteliers, avec des salaires vingt fois supérieurs au SMIC – sans compter les « ménages », terme qui désigne, dans le jargon du milieu, leurs prestations publicitaires (pourtant contraires à la déontologie). Constat marxiste de base : ils n’ont pas intérêt à ce que ça change. Ils ont même intérêt à défendre ceux qui remplissent leur gamelle. Chiens de garde ! Si vous voulez éditer le livre du "siècle", il vous faudra accéder à ce chenil de luxe (cravate exigée, jean interdit)…
PS (Post Scriptum s'entend!). Pour en savoir plus sur cette mafia en costume trois pièces, lire l'article du Figaro "Enquête sur les cercles et les lieux de pouvoir" et surtout "Les nouveaux chiens de garde", livre et film.