J'ai reçu une lettre recommandée des Editions Syros m'informant
qu'en raison du faible niveau des ventes, deux de mes bouquins allaient
être retirés du catalogue. Ça fait un choc, tout de même. Un pincement
au cœur. La fin d'une belle histoire. Une mort de plus. Heureusement, la
directrice de Syros est une femme intelligente et délicate (comme quoi ça peut exister dans le monde de l'édition!). Elle s'est fendue d'un billet écrit à la main pour
exprimer ses regrets, et je les sais sincères.
"La fiction traverse une période critique", dit-elle. Pour moi, c'est plutôt l'édition de
la fiction qui se porte mal. Qu'on en juge par les
termes de cette lettre recommandée : le stock des livres condamnés est
de 360 exemplaires pour l'un, 577 pour l'autre. Une broutille. Qui ne
mange guère de pain. Je n'ai plus en tête les chiffres de tirage, mais
ils sont de l'ordre de 3-4000, ce qui veut dire que
ces livres se sont bien vendus et que l'éditeur
s'y est retrouvé dans ses comptes. Il chipote pour trois
sous de frais de stockage, au lieu de laisser les livres finir
tranquillement leur vie.
De
telles pratiques confirment, s'il en était besoin, que la rentabilité à
trois sous près, est l'unique objet du désir de l'éditeur "moderne". Je
ne vise pas la directrice de Syros, qui est sous la coupe de Nathan qui est sous la coupe d'Editis, groupe espagnol numéro 2 de l'édition française! Depuis une
dizaine d'années, les librairies n'ont plus de stock. Eh bien ! c'est au
tour des éditeurs. Le livre est devenu une denrée périssable, vendue au
rayon "frais", et le délai de péremption est de plus en plus court.