C'est la fin des éditeurs. Devenus de simples marchands, ils n'ont plus notre confiance et la technologie nous en dispense. Ce tableau de Tiepolo fils invite à leur tourner le dos. Grouillot de son célèbre père pendant des années pour brosser des tableaux académiques sans âme, Giandomenico Tiepolo a pris sa mesure après la mort du père, osant des fresques "impubliables" à son époque. A l'imposteur succèda un vrai artiste.

jeudi 16 janvier 2014

Libraires, debout !

 Créée dans les "Années Folles", dans le Montparnasse de Picasso et Max Jacob, la librairie Tschann est toujours là (elle a seulement traversé le boulevard, il y a une vingtaine d'années), bravant la FNAC, la première des FNAC (1974), qui se trouve rue de Rennes, à quelques centaines de mètres. Le site lekti-ecriture a publié un bel interview de Fernando Barros, l'un de ses responsables. Il évoque la librairie en ligne concurrente de la libraire en ville et du "libraire debout", qui vend debout...
Lekti-ecriture : Avez-vous senti une différence avec le développement du commerce électronique type Amazon, etc. ?
Librairie Tschann
"Bien évidemment, et de plus en plus. Même si nous ne sommes encore probablement qu’au début, les habitudes d’achat sont altérées. Nous-mêmes,personnellement ou professionnellement, y faisons appel. Mais je pense qu’à terme, le commerce électronique peut amener aux libraires, s’ils sont suffisamment responsables de ce qu’ils font : ça peut amener un public supplémentaire, avec vigilance et réaction. Parce qu’il y a des auteurs sur qui, pendant longtemps,on n’avait rien : pas de livres disponibles. On allait chez le libraire d’ancien et on se retrouvait à fouiner à droite et à gauche, et quand on n’avait pas le temps, on baissait les bras. Aujourd’hui, on va sur Internet et on trouve des livres sur des écrivains dont on n’imaginait pas que quelqu’un avait écrit dessus, tellement ils sont mineurs.

D’ailleurs, la profession de libraire d’ancien elle-même subit de profondes altérations avec ces recherches sédentaires, mais ces libraires commencent à s’organiser : voyez le site Livre-rare-book , fait par des libraires pour des libraires. Le paysage est animé, on regarde sur Internet et l’on découvre plein d’informations sur l’auteur, à travers des liens avec des libraires d’anciens en province ou à l’étranger. Que fait le lecteur qui tombe là-dessus ? Il va chez un libraire ou bien, s’il trouve la référence Tschann, va chez Tschann. Du coup, ça l’amène physiquement en librairie. Cela fait beaucoup pour rapprocher les gens autour du livre.

Souvenez-vous, on pensait, il y a quelques années, que le e-book allait tuer le livre sur support papier : ce fut le contraire. Peut-être que dans Internet, il y a un côté ludique et que cela permettra de sauver l’humanité, parce que les hommes restent des hommes : ils restent curieux, et tant qu’il y aura de la curiosité, ils iront vers les livres, vers les libraires, vers l’humain.Un supermarché a ouvert en Allemagne où il n’y a plus de vendeurs aux caisses : tout se fait électroniquement on entre, on dit bonjour aux murs, on repart, on dit au revoir aux murs ! C’est complètement absurde. La librairie n’est pas qu’un commerce."
Voilà un propos rassurant, et qui confirme que les libraires doivent s'approprier Internet, pas seulement pour survivre mais pour profiter des richesses nouvelles qu'il nous apporte.