C'est la fin des éditeurs. Devenus de simples marchands, ils n'ont plus notre confiance et la technologie nous en dispense. Ce tableau de Tiepolo fils invite à leur tourner le dos. Grouillot de son célèbre père pendant des années pour brosser des tableaux académiques sans âme, Giandomenico Tiepolo a pris sa mesure après la mort du père, osant des fresques "impubliables" à son époque. A l'imposteur succèda un vrai artiste.

vendredi 10 janvier 2014

Le livre, denrée périssable

J'ai reçu une lettre recommandée des Editions Syros m'informant qu'en raison du faible niveau des ventes, deux de mes bouquins allaient être retirés du catalogue. Ça fait un choc, tout de même. Un pincement au cœur. La fin d'une belle histoire. Une mort de plus. Heureusement, la directrice de Syros est une femme intelligente et délicate (comme quoi ça peut exister dans le monde de l'édition!). Elle s'est fendue d'un billet écrit à la main pour exprimer ses regrets, et je les sais sincères.

"La fiction traverse une période critique", dit-elle. Pour moi, c'est plutôt l'édition de la fiction qui se porte mal. Qu'on en juge par les termes de cette lettre recommandée : le stock des livres condamnés est de 360 exemplaires pour l'un, 577 pour l'autre. Une broutille. Qui ne mange guère de pain. Je n'ai plus en tête les chiffres de tirage, mais ils sont de l'ordre de 3-4000, ce qui veut dire que ces livres se sont bien vendus et que l'éditeur s'y est retrouvé dans ses comptes. Il chipote pour trois sous de frais de stockage, au lieu de laisser les livres finir tranquillement leur vie.

De telles pratiques confirment, s'il en était besoin, que la rentabilité à trois sous près, est l'unique objet du désir de l'éditeur "moderne". Je ne vise pas la directrice de Syros, qui est sous la coupe de  Nathan qui est sous la coupe d'Editis, groupe espagnol numéro 2 de l'édition française! Depuis une dizaine d'années, les librairies n'ont plus de stock. Eh bien ! c'est au tour des éditeurs. Le livre est devenu une denrée périssable, vendue au rayon "frais", et le délai de péremption est de plus en plus court.